montagnarde1793: (Yes?)
montagnarde1793 ([personal profile] montagnarde1793) wrote2008-03-01 05:02 pm

Histoires d'Amour de l'histoire de France

On a subject much discussed of late... (I had a better introduction to this, but LJ ate my entry. >__>) It's been noted that many writers are fond of making unverifiable assertions about the private lives of historical figures, in particular Robespierre. Well, I may well have found the worst offender on that score. Doubtless, Guy Breton's Histoires d'Amour de l'histoire de France (tome VI, on the Revolution) makes some rather disturbing assertions, but more disturbing still, is, as you will see, the fact that when it comes to giving his opinions there are actually some* of them I agree with--which I've bolded. Except for that, I wouldn't have bothered to post this but... Well, you'll have to read it. 

*Obviously there are others I do not, cannot, and will never even remotely agree with. In fact, that would be most of them, but nevertheless there are some I can't help seeing as reasonable, if only by chance.

Histoires d’Amour de l’Histoire de France

Tome VI

Guy Breton

Page 52

Tous les députés étaient finalement ravis de cet intermède galant. [Apparently the author thinks there was some kind of orgy involving the members of the Constituent Assembly and the women who came to bring Capet back to Paris in October 1791.] Tous, sauf un, qui avait peur des femmes et demeurait à 31 ans dans l’état virginal de sa naissance : Maximilien Robespierre.

Le pauvre avait connu un grand embarras lorsqu’une fille était venue s’asseoir sur ses genoux. Craignant de ne pas savoir agir, il s’était contenté de lui parler politique et de commenter pour elle les événements de la journée. Le soir, un peu émoustillé tout de même, il la laissa venir dans sa chambre et perdit – entre autres choses – sa timidité.

Page 106

Tandis qu’avait lieu cette émeute [il s’agit du massacre du Champ-de-Mars], au Club des Jacobins, Robespierre et ses amis discutaient. Lorsqu’ils apprirent, vers huit heures, le massacre du Champ-de-Mars, ils se séparèrent rapidement.

—Ma tête est certainement mise à prix, dit Robespierre, dont le visage était décomposé.

Un brave menuisier, le citoyen Maurice Duplay, qui assistait à toutes les séances du Club s’approcha :

—Venez chez moi, j’habite tout près d’ici, je vous cacherai.

Quelques minutes après, les deux hommes marchaient dans la rue Saint-Honoré.

Ils entrèrent vivement au 366[1], s’engagèrent sous la voûte et débouchèrent dans une cour-jardin où se trouvait un atelier de menuiserie.

—Ici, vous serez tranquille, citoyen. Personne ne viendra vous y chercher.

Ils pénétrèrent dans la maison d’habitation, et Mme Duplay vint les accueillir. C’était une femme de quarante-cinq ans, aux yeux chauds. Elle était encore belle et portait avec fierté une poitrine ferme, bien connue de tous les hommes du quartier.

En reconnaissant Maximilien, elle joignit les mains :

—Oh, citoyen Robespierre, quel honneur !

Le député, poudré, précieux, élégant, s’assit et soupira. Pour la première fois depuis qu’il avait quitté le club du faubourg Saint-Honoré, un sourire parut sur son visage.

En deux mots, le menuisier Duplay mit sa femme au courant des événements de la journée et lui expliqua que l’on craignait que les policiers du général de La Fayette ne vinssent arrêter Robespierre, tenu pour responsable de la manifestation.

Mme Duplay alla chercher ses enfants pour les présenter à l’orateur dont toute la France parlait. Elle ramena Eléonore, âgée de vingt [vingt-deux] ans, brunette assez jolie ; Elisabeth, dix-huit ans ; Victoire, quinze [dix-neuf ou vingt] ans, et Maurice, douze ans.

—J’ai encore une fille, citoyen, dit-elle, mais elle est mariée à M. Auzat, avocat à Issoire.

La face porcine de Duplay se renfrogna. Il détestait ce gendre qui avait des idées rétrogrades, et ne l’appelait que « cet imbécile d’Auzat ».

—Maintenant que le citoyen Robespierre est entré dans notre maison, dit-il, ce royaliste ne mettra plus les pieds ici.

Mme Duplay, éblouie par les mains fines, les yeux vifs, l’élégance du député, ne répondit pas. Elle avait allègrement, pendant des années, trompé son mari avec tous les hommes de la rue Saint-Honoré et même des alentours, et sentait naître en son intimité un intérêt très vif pour Maximilien.

—Vous logerez au premier étage, citoyen, dit-elle.

Et, par un petit escalier, elle le conduisit dans une chambre confortable et calme, qui donnait sur la cour.

Robespierre installa ses papiers, un projet de discours et quelques gazettes sur une table, tandis que la femme du menuisier mettait des fleurs dans un vase.

Plusieurs fois, elle regarda son hôte avec des yeux vicieux, en tapotant le lit, mais Maximilien feignit de ne pas comprendre.

Un peu plus tard, au cours du dîner, il eut quelque attention pour la poitrine bien gonflée d’Eléonore et parut rêver un moment. Ecarlate, la jeune fille, qui était, comme sa mère, tombée immédiatement amoureuse du député, sentit ses genoux trembler, et fixa son assiette.

A minuit, Robespierre monta se coucher.

Il devait rester trois ans dans cette famille.

Cette vie commune a fait se poser de nombreux problèmes aux historiens. Robespierre fut-il l’amant de Mme Duplay ? Fut-il l’amant d’Eléonore ?

Suivant leurs opinions politiques, les uns répondent formellement : « Oui. » Les autres, furieusement : « Non. » Sardanapale de la Terreur ou ange immaculé ? Que fut donc réellement Robespierre ?

Ecoutons d’abord les Thermidoriens, qui, bien entendu, l’attaquent sans retenue.

« Chez les Duplay, qui l’hébergeaient, Robespierre avait une maîtresse : la fille de son hôte, une jolie brune de vingt ans, nommée Eléonore.

« Chaque nuit, celle-ci allait retrouver son amant et faisait avec lui des prouesses de luxure.

« Un soir, elle poussa de tels cris de volupté que Mme Duplay s’éveilla et vint frapper à la porte du député :

« —Vous êtes souffrant ?

« —Non, j’ai eu un cauchemar, répondit Robespierre, pendant qu’Eléonore ce cachait derrière le lit.

« Mme Duplay entra. Elle était en vêtements de nuit. Voyant son hôte agité, elle pensa être la cause de son trouble et, oubliant ses devoirs les plus sacrés, elle s’approcha du lit avec un masque de désir sur le visage.

« Robespierre fut d’abord épouvanté.

« —Je vais vous calmer, dit Mme Duplay.

« Tandis qu’elle montait dans le lit, Eléonore, à quatre pattes, courait vers la porte et regagnait sa chambre.

« Alors, à l’endroit même où il avait pris la fille, Robespierre prit la mère[2]… »

Barthélemy se fait l’écho de ces racontars dans son ouvrage sur la Révolution :

« Tyran assoiffé de sang et de gloire, Robespierre était aussi un être lubrique et hypocrite. Dans la dernière période de sa vie, il logea chez un menuisier de la rue Saint-Honoré, le citoyen Duplay, qui assistait à toutes les réunions du club des Jacobins.

« Trahissant les lois de l’hospitalité, Robespierre devint l’amant de Mme Duplay et d’Eléonore, la fille aînée du menuisier, une jolie vierge de vingt ans.

« Le tyran emmenait parfois son hôtesse en promenade à Choisy, pour y goûter l’amour naturel dans un lieu champêtre. Là, perdant toute pudeur, Mme Duplay se donnait à Robespierre sur un lit de fougères et dans un décor qui eût semblé idéal à Jean-Jacques Rousseau[3].

« Le soir, les deux amants revenaient à Paris, épuisés de caresses[4]. »

Sans partager l’opinion de ces « historiens » engagés, il faut reconnaître que des bruits étranges coururent à l’époque au sujet de Robespierre. On prétendait que l’Incorruptible s’en allait, le soir, sabler le champagne en compagnie de Fouquier-Thinville [sic], Chabot et quelques autres, dans un très mauvais lieu de Clichy.

Un pamphlétaire thermidorien ira jusqu'à prétendre que Maximilien mêlait Eléonore à ces jeux immodestes. Ce qui relève, bien entendu, de la plus haute fantaisie.

Ecoutons-le cependant :

« Fouquier-Tinville organisait dans une auberge de Clichy des orgies où la décence et la morale étaient fort malmenées. Il amenait là de jeunes danseuses et des comédiennes connues pour la légèreté de leurs mœurs, et tout le monde se déshabillait pour dîner « à la sauvage » et obéir aux préceptes du citoyen genevois Jean-Jacques Rousseau. »

Ce retour à la nature, nous dit l’auteur, incitait, bien entendu, les convives à ne plus respecter aucune des règles de bienséance en usage dans le monde civilisé. Les hommes se jetaient sur les femmes, et tout se terminait à la satisfaction de chacun, sur les tapis ou sur la table, au milieu des fraises écrasées…

« A ces parties galantes, ajoute notre pamphlétaire anonyme, assistaient Chabot et les deux Robespierre. Le tyran venait accompagné d’une jeune personne nommée Eléonore, qui était la fille de son logeur, menuisier rue Saint-Honoré, et que Danton appelait par dérision Cornélie Copeau[5]. »

Les défenseurs de la vertu de Robespierre, nous l’avons dit, sont aussi formels[6]. Mais si les accusateurs ne donnent – et pour cause – aucune preuve de ce qu’ils avancent, les seconds n’ont pour tout moyen de défense qu’un argument bien faible.

Ils prétendent que les relations entre Maximilien et Eléonore étaient impossibles à cause de la disposition des pièces dans l’appartement des Duplay. En effet, il fallait traverser la chambre des parents pour aller de la chambre de la jeune fille à celle de Robespierre.

Il faut n’avoir jamais été amoureux pour croire que deux jeunes gens puissent être arrêtés par un tel obstacle…

« Sans doute, répondent certains, mais ce que nous savons de la mysogynie [sic] et de la chasteté de Robespierre est en contradiction absolue avec une telle situation. »

Quelle mysogynie [sic] ? Quelle chasteté ?

Nous avons vu Maximilien dans sa jeunesse, à Arras, courtiser les belles et, après les journées d’octobre, avoir une maîtresse[7]. Ceux qui racontent qu’il mourut vierge répètent une légende.

Alors ?

Nous pensons que Robespierre fut l’amant d’Eléonore, à qui il était presque fiancé. Plus tard, comme Simonne Evrard, qui prit le nom de veuve Marat, la jeune fille fut d’ailleurs nommée parfois, et sans aucune méchanceté, Mme Robespierre.

Reste Mme Duplay ?

Là le mystère est complet. Il existe pourtant une preuve de son amour pour Maximilien :

Le 10 thermidor, le menuisier et sa famille furent conduits à la prison de Sainte-Pélagie. Lorsqu’elle apprit que Robespierre avait été guillotiné, Mme Duplay s’étrangla dans sa cellule…

Page 222

Le scandale fut naturellement étouffé. Mais on peut en trouver trace aux Archives nationales dans cette note datée du 19 thermidor :

« Le jardinier de Fauvel, propriétaire d’une maison située à Choisy, a déclaré devant Blache, agent principal du Comité de sûreté générale, que les deux Robespierre, Lebas [Le Bas], Henriot [Hanriot], et ses aides de camp, Dumas, Fouquier, Didier, Benoit et Simon, du Comité révolutionnaire de Choisy, les Vaugeois, les Duplay, se réunissaient souvent dans sa maison, à Choisy, et s’y livraient à des orgies scandaleuses. »[8].

Page 265

Cette lettre [de Mme Duplessis] n’eut aucun effet sur Robespierre. L’Incorruptible ignorait la pitié.

Il eût connu lui aussi la douceur d’un foyer, peut-être eût-il agi différemment. Mais sa liaison avec Eléonore Duplay n’avait rien de romantique. Il demandait à cette jeune fille amoureuse de lui une chose précise qui semblait nécessaire à son équilibre d’homme, et c’était tout…

Il laissa donc partir Lucile pour la guillotine.



[1] Actuellement 398.

[2] PAUL DECASSE, Robespierre et la Terreur.

[3] Ces promenades à Choisy ont bien du lieu. Elisabeth, seconde fille de Mme Duplay, les a notées dans son « Journal ».

[4] BARTHÉLEMY, La Révolution et ceux qui l’ont faite.

[5] Le révolutionnaire qui rêvait d’être roi. (Il existe aux Archives nationales une note – que je publie plus loin – dont le texte confirme de façon troublante ces romanesques accusations…)

[6] Certains historiens se retranchent derrière Charlotte Robespierre, sœur de Maximilien, qui écrit dans ses Mémoires : « Y avait-il place dans son cœur pour de pareilles futilités lorsque son cœur était rempli tout entier de l’amour de la patrie ? » Mais on sait que Charlotte, aveuglée, déifiait son frère…

[7] Pierre Villiers, qui partageait en 1790 le petit logement de Maximilien, écrit à se [ce] sujet : « Robespierre était d’un tempérament ardent qu’il combattait à tout moment. Presque toutes les nuits, il baignait de son sang son oreiller. Pour ce qui est de sa continence, je ne lui ai connu qu’une femme environ vingt-six ans, qu’il traitait assez mal et qui l’idolâtrait. Très souvent, il lui faisait refuser sa porte. Il lui donnait un quart de ses honoraires… » Souvenirs d’un déporté.

[8] Archives nationales, série W 1 b, carton 500, pièce 5. (Cette accusation est à rapprocher du pamphlet anonyme cité plus haut, en page 110.)


The inscription reads:

Apres le 17 juillet 1792 [1791], Robespierre habita chez le menuisier Duplay, rue Saint-Honoré. Une intrigue l’unit un moment à la belle Eléonore, fille de son hôte.


I should mention, by the way, that the author of That Book About Le Bas advances a pretty convincing argument for Mme Duplay's death having been murder rather than suicide.

Post a comment in response:

This account has disabled anonymous posting.
If you don't have an account you can create one now.
HTML doesn't work in the subject.
More info about formatting