montagnarde1793: (Saint-Just)
[personal profile] montagnarde1793

This one, interestingly enough, was written by a decendant of the Duplays--Jacques-Maurice Duplay, to be precise.

Page 119

                Sur la Montagne, siégeaient, avec lui […] un autre plus jeune encore et très beau, séraphique et terrible, pareil à l’Ange de la mort, Saint-Just […] Ceux-là étaient ses fidèles : les plus instruits, les plus intelligents, les plus purs de l’Assemblée.

                Il estimait spécialement Saint-Just. Avant leur première entrevue, le benjamin de la Convention l’avait sollicité en faveur de Blérancourt, sa commune, par une lettre qui commençait ainsi : « Vous qui soutenez la patrie chancelante contre le torrent du despotisme et de l’intrigue, vous que je ne connais que comme Dieu, par des merveilles… » Saint-Just avait bien composé un poème licencieux, « l’Organt », et on lui prêtait diverses aventures fâcheuses, dont l’une indiscutablement grave. Le poème était une erreur de jeunesse, pensait Robespierre, les aventures, des calomnies.

 

Page 141

                Saint-Just, Couthon, Le Bas, ses autres amis, ont voté le châtiment suprême avec une fermeté admirable.

 

Page 145

                Saint-Just se détachait du groupe [de ses amis], archange funèbre [après l’assassinat de Lepeletier].

 

Page 157

                —L’Incorruptible, ajouta Louvet, ne nous lâchera point. Personnellement, jamais ce tartufe ne me pardonnera d’avoir écrit « Faublas ».

                Chénier remarqua :

                —« Faublas » n’est pas plus licencieux que « l’Organt » de Saint-Just.

                —Sans doute, mais ce qui est permis à Saint-Just, prosterné devant Robespierre, m’est défendu à moi Louvet, qui l’ai attaqué, nargué.

 

Page 205

                Simon ouvrit la porte, articulant :

                —Le citoyen Saint-Just.

                L’archange funèbre entra, et Lucile Desmoulins se retirait.

                Saint-Just, plus inflexible moralement et plus gourmé dans son maintien, que Robespierre, copiait son chef de file. A vingt-cinq ans, on imite encore et avec excès. Mais, dans le présent cas, le disciple réagissait sur le maître. Saint-Just offrait à Robespierre sa propre image en beau et en outré, sa propre image idéalisée. Il le gardait ainsi de tout apitoiement intempestif, qui eût été déchéance. Sans Robespierre, Saint-Just n’aurait peut-être pas existé, mais, sans Saint-Just, Robespierre se fût peut-être montré plus exorable.

                Saint-Just prononça, tout de suite après la sortie de la solliciteuse :

                —Lucile Desmoulins !... Je pense que si les Hébertistes sont moribonds, les Dantonistes sont gravement malades.

                Il parlait d’une voix monotone, son beau visage impassible.

[…]

                —Je voudrais que le Comité n’abattît pas Danton à la légère. Danton, en maintes circonstances, fut bon patriote.

                —Il ne le fut dans aucune, répliqua froidement le benjamin de l’Assemblée.

                Saint-Just dévoila Danton. Un fourbe et un coquin supérieur. Ses airs de brutale franchise, comme ses déclamations patriotiques, lui servaient à duper ses collègues et le peuple. A la faveur de cette assourdissante parade, il trafiquait.

                Saint-Just précipita les coups :

                —Lorsque son triste entourage lui conseille de s’enfuir et qu’il répond : « Est-ce qu’on emporte sa patrie à la semelle de ses souliers ! » il regrette surtout de ne pouvoir l’emporter pour en faire de l’argent.

                Robespierre défendit Danton :

                —Son tonnerre, jadis, réconforta le peuple et porta l’épouvante dans le palais des despotes.

                —Il foudroyait les despotes à la tribune, et composait avec eux, dans les officines de Londres ou de Coblentz. Tonnerre à vendre ! Sous chacun de ses actes publics, se dissimule une félonie ou une concussion. Ses fureurs furent payées. Soudoyée est sa clémence. D’où vient ce faste qui l’entoure ? Il ne reconnaît pour divinités, que sa cassette, sa table, son lit. Il nous bafoue l’un et l’autre de préférer la vertu à l’opulence. Supporterons-nous de partager la République avec cet homme impur ? S’il ne l’assassinait pas, il la flétrirait !

                Extatique, il déclara :

                —La Patrie est une maîtresse exclusive et dévorante. Qui ne lui sacrifie tout, encourt l’opprobre et la mort ! Ne lui as-tu pas immolé ton repos, ton bonheur ? Et tu la laisserais exposée aux coups de poignard, ou aux épuisantes et salissantes caresses de scélérats tels que Danton, Hérault de Séchelles, Fabre d’Eglantine, Camille Desmoulins ! Quant à moi, je m’inquiète pour la République, j’en suis épris et jaloux comme d’une femme, respectueux comme d’une mère. Je ne souffrirai pas qu’on la pervertisse sous mes yeux. Sa pureté m’importe au même degré que sa vie !

                La colère de Saint-Just étincelait sur les factions, comme une épée de feu.

                Robespierre admirait son disciple, plus rigoureux et plus exalté que lui-même. Toutefois, il l’accusait mentalement de noircir à l’excès, Danton et Camille. Il aventura quelques mots en faveur de ce dernier :

                —Un impulsif, un éternel enfant. Il s’est laissé entraîner.

                Il résuma le plaidoyer de Lucile Desmoulins.

                Mais l’archange ne détournait point de Camille, sa terrible épée :

                —Moins criminel que Danton et les autres, je le reconnais, et, pourtant, le plus dangereux à cause de son grand talent fourvoyé. On ne saurait l’exclure sans injustice du châtiment mérité par les Indulgents, dont il est le plus éloquente interprète.

                Maximilien soupira. Puis il demandait :

                —Quel patriote un peu clairvoyant croirait leur conversion sincère ?

                —Mais, enfin, si Danton et Desmoulins répudiaient leurs liaisons coupables, confessaient la fausseté de leur thèse, quittaient leur faction pour…

                Saint-Just secoua la tête :

                —Quel patriote un peu clairvoyant croirait leur conversion sincère !

 

Page 210

                Car Danton avait la duplicité et la vénalité dans le sang, recherchait, avec application, la manigance qui rapporte, mettait l’argent au-dessus de la vie. Saint-Just avait à peine assombri son portrait. Entre les révolutionnaires du premier plan, Danton fut le plus tortueux et le plus véreux.

 

Page 233

                Robespierre consulta Saint-Just et Couthon.

                Saint-Just répondit :

                —Arrêter la Terreur ! Pas avant d’avoir purgé l’Assemblée des brigands qui l’infestent.

                Il cita plusieurs noms. C’étaient ceux des indignes que l’Incorruptible avait, en soi-même, déjà condamnés.

                Saint-Just continua :

                —Il ne s’agit que d’une première charrette. Il nous en faudra remplir d’autres. Gardons-nous de la faiblesse de modérantisme. En révolution, les pusillanimes ne font que creuser leur tombeau. Nous approchons de Salente. Une forêt d’hommes pourris nous en sépare. Assurons la cognée dans nos mains, et frappons, abattons sans relâche, jusqu'à l’heure où Salente sera dégagée.

 

Page 267

                Saint-Just remplissait, aux armées, une mission de conséquence. Il le rappela. Le désarroi où était l’Incorruptible, stupéfia l’Impitoyable.

                —Que faire ? sollicita Maximilien. J’ai le plus urgent besoin de tes clartés.

                Il se représenta flottant entre une épuration bornée, un émondage intégral et la clémence, clémence imposée par des nécessités nouvelles non moins impérieuses que celles qui avaient commandé la Terreur. Pour obtenir une inspiration, il avait prié en vain l’Etre suprême, les mânes de Rousseau et l’auguste nature. Saint-Just représentait son ultime recours.

                L’archange n’hésita pas :

                —Je te remémorai ces mots de Sylla à Eucrate, extraits de ce dialogue qui nous est également cher : « La postérité trouvera peut-être que je n’ai pas versé assez de sang et que tous les partisans de Marius n’ont pas été proscrits. »[1]

                Robespierre pâlit. Marius étant, dans leur langage, synonyme de Mal, que de charrettes en perspective !

                —Les partisans de Marius sont si nombreux !... murmura-t-il.

                —Tant pis ! riposta le disciple, plus sectaire que le maître. Fait-on des Républiques avec des ménagements, ou avec des rigueurs farouches ?

                —Ils sont trop ! insista Robespierre.

                —Nous n’aurons que plus de mérite à les affronter et à les détruire !

                Le plus sectaire des deux, il était, en outre, le plus réaliste, le plus apte à évaluer une situation. Or, revenu des armées depuis quelques heures à peine, il savait que Fouché avait mis à profit la torpeur de Robespierre.

                Il avertit son chef :

                —Nos adversaires, eux, n’envisagent aucune réconciliation. Ils ne nous embrasseraient que pour nous étouffer, et, avec nous, la liberté et la vertu. Estimerais-tu, par hasard, l’existence des Fouché et des Tallien plus précieuse que celle de la vertu et de la liberté ?

                Saint-Just avait posée la question d’adroite manière. L’Incorruptible reconnut que des conspirateurs aussi opiniâtres et des malfaiteurs aussi endurcis devaient disparaître. Sur ce point, il tombait d’accord avec lui.

                —Mais lesquels juges-tu indispensable de frapper ?

                Saint-Just tira un papier de sa poche :

                —Ceux-ci… pour commencer.

                La colonne de noms était haute. Maximilien y lut Fouché, Tallien, Rovère, Thuriot, les deux Bourdon, Ruamps, Merlin, Vadier, Carnot, Billaud-Varennes, Collot d’Herbois, Barras, Barère, Fréron, Guffroy, Lecointre, Legendre, Courtois, Carrier. Il prit un crayon, biffa Carnot, Barère, Collot et Billaud.

                Saint-Just souriait de cette parcimonie dans la grande œuvre d’assainissement qu’ils avaient résolu d’entreprendre.

                —Faisons leur grâce, si cela te plait, mais provisoirement.

                Maximilien demanda à Saint-Just :

                —Quand penses-tu que la Terreur prendra fin ?

                Il était las de ce régime, écœuré de sang.

                —Le sais-je ? Pas avant que notre philosophie règne incontestée.

                Saint-Just compara la Terreur mise au service de la Vertu, avec les autres terreurs, démontrant qu’elle était astreinte à ne modifier en rien son itinéraire ni son allure, à parcourir du même pas égal, tout le chemin où elle marchait.

                La Terreur abracadabrante de Marat s’était livrée à quelques magnanimes écarts. La Terreur vénale et luxurieuse de Tallien s’était humanisée, tantôt pour un sac d’argent, tantôt—véritable Messaline,—pour une nuit d’amour. La Terreur carnassière de Fouché et de Carrier, à la longue, aurait été repue et se serait calmée. Mais la fantaisie, la compassion, le lucre, la volupté, la satiété, pouvaient-elles influer sur la Terreur selon les Incorruptibles ?

                Robespierre trouvait le meilleur de ses disciples admirable et effrayant. Ne voulant pas se laisser surpasser, il s’écria :

                —Tu m’as illuminé, Saint-Just, et réveillé ! Le gladiateur, un instant amolli, reprend son glaive et fonce sur la légion maudite.

 

Page 282

                Avec eux, le tumulte pénètre au Pavillon de Flore, où, à minuit, leurs collègues travaillent en silence. Saint-Just écrit. Collot tend le poing à l’archange :

                —Tu rédiges notre acte d’accusation !

                L’autre répond, imperturbable :

                —Tu ne te trompes pas.

                Et comme Carnot tourne la tête de leur côté, il ajoute pour lui :

                —Tu n’y est pas oublié, toi non plus.

 

Page 294

                Environné de ses fidèles, dans un salon de l’Hôtel de Ville, Maximilien personnifiait l’Irrésolution. Saint-Just à sa place,—chef au lieu d’être lieutenant, et lieutenant soumis,—eût triomphé.

[…]

                Son entourage, moins vétilleux, le pressait de signer un appel à l’insurrection, et de soulever Paris.

                Il répondait :

                —Ce serait inconstitutionnel !

                Saint-Just reprenait :

                —En t’interdisant l’accès de la tribune, les Conventionnels ont transgressé la loi.

                —Est-ce une raison suffisante pour imiter leur acte impie ?

 

Page 298

                Dans l’escalier, des rumeurs farouches et des cliquetis. L’envahisseur ! Robespierre et Couthon assis, Saint-Just debout, attendent stoïquement que s’accomplissent leurs destins.

 

Page 308

                Il [Robespierre] vit Saint-Just gravir, sans un mot, sans un geste d’adieu, impassible, comme, naguère, à la tribune ou aux armées, cet escalier qui menait à l’inconnu. Quand arriva son tour, il ramassa toutes ses forces pour finir aussi dignement que le disciple bien-aimé.



[1] Montesquieu.

(no subject)

Date: Sunday, 11 November 2007 17:53 (UTC)
From: [identity profile] maelicia.livejournal.com
Sans doute, mais ce qui est permis à Saint-Just, prosterné devant Robespierre, m’est défendu à moi Louvet, qui l’ai attaqué, nargué.

ROTFLMAOSNORT. God, they have a way to say it. XD


Saint-Just offrait à Robespierre sa propre image en beau et en outré, sa propre image idéalisée. Il le gardait ainsi de tout apitoiement intempestif, qui eût été déchéance. Sans Robespierre, Saint-Just n’aurait peut-être pas existé, mais, sans Saint-Just, Robespierre se fût peut-être montré plus exorable.-Arrêter la Terreur ! Pas avant d’avoir purgé l’Assemblée des brigands qui l’infestent.

Il cita plusieurs noms. C’étaient ceux des indignes que l’Incorruptible avait, en soi-même, déjà condamnés.

Saint-Just continua :

-Il ne s’agit que d’une première charrette. Il nous en faudra remplir d’autres. Gardons-nous de la faiblesse de modérantisme. En révolution, les pusillanimes ne font que creuser leur tombeau. Nous approchons de Salente. Une forêt d’hommes pourris nous en sépare. Assurons la cognée dans nos mains, et frappons, abattons sans relâche, jusqu'à l’heure où Salente sera dégagée.


Oh, yeah, let's PURGE THE ENTIRE THING!!! Don't you sometimes almost wish it would have happened, so people would stop pretending it could have? They would be right, and we would almost be satisfied. -_-;


Marius étant, dans leur langage, synonyme de Mal

...since when? Since when are the Robespierristes with Sylla?


La colonne de noms était haute. Maximilien y lut Fouché, Tallien, Rovère, Thuriot, les deux Bourdon, Ruamps, Merlin, Vadier, Carnot, Billaud-Varennes, Collot d’Herbois, Barras, Barère, Fréron, Guffroy, Lecointre, Legendre, Courtois, Carrier. Il prit un crayon, biffa Carnot, Barère, Collot et Billaud.

Saint-Just souriait de cette parcimonie dans la grande œuvre d’assainissement qu’ils avaient résolu d’entreprendre.

—Faisons leur grâce, si cela te plait, mais provisoirement.


I could almost use that list for the one Charlotte Robespierre is going to use on her Roaring Rampage of Revenge. (See my latest post.)


—Tu rédiges notre acte d’accusation !

L’autre répond, imperturbable :

—Tu ne te trompes pas.

Et comme Carnot tourne la tête de leur côté, il ajoute pour lui :

—Tu n’y est pas oublié, toi non plus.


Oh, God.



It's just when I reached the end that I remembered it had been written by a Duplay descendant. Teh Shame.

(no subject)

Date: Sunday, 11 November 2007 23:58 (UTC)
From: [identity profile] estellacat.livejournal.com
XD I don't think that was quite what he meant...

Yes--but I'd rather people just stopped writing it, since they obviously didn't and had no plans to.

They're with Sylla since it's opposite day year decade century millenium eternity?

That would about cover it, clearly.

It's obvously because he's descended from Jacques-Maurice. If Éléonore and Maxime really had had a baby, and he was therefore descended from them, he never would have written a lot of that.

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montagnarde1793

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